Commentaires de la Torah

Commentaries On The Torah

Le commentaire est l’une des plus vieilles activités de la tradition juive. Le mot hébreu pour « commentaire », « drashah », a d’ailleurs un sens tout à fait spécifique, employé pour la première fois par Ezra (Esdras), crédité d’avoir mis en place, au 5 ème siècle av. è. c. la lecture publique de la Torah trois fois par semaine (les jours de marchés, lorsque les personnes étaient réunies en un mieux unique). La Bible rapporte qu’il « darash » le texte de la Torah, c’est-à-dire qu’il l’explique, le paraphrase, déjà, mais surtout, exige que le texte lui en dise davantage que ce que semble lui livrer son sens simple. C’est cela la lecture hébraïque, puis juive.
« Darash » veut dire « exiger », et face au texte, le lecteur rend compte, certes, du sens simple des phrases, mais « exige » que le texte lui en dise davantage, lui livre tous ses implicites. Grâce à ce qui deviendra l’herméneutique juive, dont les différentes techniques consistent essentiellement à mettre un endroit du texte en rapport avec un autre (sur le présupposé que la parole divine est un vaste océan,unique – et que se baigner à un endroit vous met en rapport avec un endroit plus lointain), ce  « darash », cette « exigence » face au texte fait de celui-ci le médium d’une révélation infinie.
Ce texte est donc lu, de manière continue et sans cesse renouvelée, depuis quelques milliers d’années. Les rabbins ont pragmatiquement divisé le texte de la Torah (qui en termes de corpus, équivaut au Pentateuque) en 54 parties, sachant que l’année juive oscille entre 47 et 54 semaines, et qu’en lire une portion chaque semaine en assure la lecture complète en une année. Chaque « portion » s’appelle une « parashah », et le commentaire de la « parashah de la semaine » est la grande affaire hebdomadaire du rabbin – ou de toute autre personnes, puisque le peuple juif est le « peuple du livre », de la lecture du livre, devrait-on dire, et même le peuple DES lectures du livres…
Bien entendu, il existe toutes sortes de style de drashot (pluriel de « drashah »), en fonction de la personnalité du commentateur. Il apparaitra dans les miennes un tropisme qui incline à confronter la sagesse éternelle de la Torah avec la pensée contemporaine. Il apparaîtra ainsi combien la Torah était précurseur, quand elle n’est pas encore en avance sur notre temps…

PARASHAH DE LA SEMAINE

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Commentaire sur la parashah

Genèse (Bereshit)

בְּרֵאשִׁית

Le Livre de la Genèse est le livre de tous les commencements, le « livre des choses premières », disait Levinas. Le commencement du cosmos, de l’homme, et de ses problèmes ! Il est aussi la saga de l’identité hébraïque en construction, où chaque Patriarche (Abraham, Isaac, Jacob) et Matriarche (Sarah, Rebecca, Rachel, Léah) construit et affine, au sein de l’humanité, une manière d’être homme proprement hébraïque, inventant des attitudes nouvelles. Bereshit est aussi le livre de la fraternité, cette si difficile fraternité qui commence, avec les deux premiers frères, par le meurtre de Caïn sur Abel… Relations chaotiques, à chaque couple de frères (Isaac et Ismaël, Jacob et Esaü), mais qui, à la fin du Livre s’apaisent avec le pardon de Joseph envers ses frères. La famille d’Israël est alors constituée et stabilisée…
Bereshitmain

Exode (Shemot)

שְׁמוֹת

Shemot (2)
L’Exode est le livre du politique. La famille d’Israël, à la fin du livre précédent, s’est stabilisée en une fratrie de valeurs solides, mais alors que celle-ci grandit lors de son séjour égyptien, la volatilité du politique transforme cet accueil en esclavage. L’Exode verra la confrontation d’Israël, devenu peuple, avec d’autres peuples, confrontation sur la scène de l’Histoire, à la hauteur des masses humaines, des peuples et des royaumes. La libération des hébreux verra aussi le développement de la pensée sociale et politique d’Israël : celle-ci affirme le rejet du projet égyptien, et conçoit une société où la valeur infinie de la dignité humaine a pour corollaire la liberté. C’est dans cette perspective que se produit l’événement fondateur du judaïsme : le Don de la Torah.

Lévitique (Vayiqra)

וַיִּקְרָא

Il existe plusieurs voix dans la Torah. Nous connaissons la voix prophétique, celle de Moïse, qui irrigue les « Cinq livres de Moïse » (la Torah est un livre essentiellement prophétique, nous dit Maïmonide). Mais il y a aussi la voix sacerdotale, celles des prêtres et des Lévites, qui s’exprime dans le Lévitique par une perspective sur le monde tout autre. Celle-ci repose sur une vision de l’ordre et du désordre, du pur et de l’impur, du saint et du profane. Structurant la société hébraïque, elle s’organise autour de la construction du Tabernacle (ancêtre du Temple), symbole de la présence divine dans notre monde. « Vous serez saint pour votre Dieu » : c’est le grand idéal de réalisation de la sainteté au niveau humain qui se fait entendre dans ce troisième Livre de la Torah.
Levitique2

Nombres (Bamidbar)

בְּמִדְבַּר

Bamidbar
Si Bereshit expose les fondements de l’univers et de l’humanité, L’Exode la dimension politique des peuples et de l’histoire, et Vayiqra le grand projet de sainteté, le Livre des Nombres (Bamidbar) prolonge la vision hébraïque portée par les livres précédents, mais la précise aussi par deux grands fils directeurs. Un fait de structure, tout d’abord, qui est aussi un point de philosophie hébraïque générale : le tissage entre la dimension normative et narrative, la connexion permanente entre le droit et l’histoire. Autre fil, qui irrigue tout le Livre : aprè  les hautes révélations du Sinaï, une réflexion sur la construction d’une société hébraïque concrète destinée à s’établir sur la terre promise, notamment la recherche d’équilibre entre les droits
individuels et le collectif.

Deutéronome (Devarim)

דְּבָרִים

Les Sages se sont beaucoup interrogés sur la nature de Devarim. Le Livre est connu comme le « Mishneh Torah », la « répétition de la Loi ». L’appellation française reprend d’ailleurs cette notion, « Deutéronome », « deutéro – nomos », « deuxième loi ». Globalement structuré sur le modèle d'une alliance, il présente le renouvellement par Moïse de l'alliance du Sinaï avec la génération suivante, celle qui est destinée à entrer en Terre promise, pour y accomplir le projet de société hébraïque. Il est aussi celui où Moïse se fait professeur, où il devient « Moshé Rabbénou », « Moïse notre maître » : rappelant le sens de toutes les tribulations accomplies, et la signification profonde de l’Alliance, qui lie toutes les générations entre elles, il se livre alors à l’ultime transmission : celle envers son successeur Josué.
Deuteronome1
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