« Heureux comme Dieu en France », ont pu dire au 19ème siècle les Israélites français, enthousiastes de leur égalité citoyenne et de la patrie de l’Emancipation, la première en Europe, le 27 septembre 1791. Bonheur divin dont Saul Bellow a pu donner une interprétation audacieuse : « Dieu serait parfaitement heureux en France, dit-il, parce qu'il n'y serait pas dérangé par les prières, rites, bénédictions et demandes d'interprétation de délicates questions diététiques. Environné d'incroyants, Lui aussi pourrait se détendre le soir venu, tout comme des milliers de Parisiens dans leur café préféré. Si cette boutade a quelque vérité, elle a pris depuis l’attentat des terrasses parisiennes, en novembre 2015, un nouveau tour -- Dieu aurait pu, dès lors, tout à fait figurer parmi les victimes… Désormais « Juifs de France », les israélites français ont ainsi vu leur franco-judaïsme accompagner leur spectaculaire intégration sociale, économique, voire politique, avant que l’Affaire Dreyfus, Vichy et la Shoah ne viennent entailler le pacte de reconnaissance. Vivifié dans les années 60 par l’apport séfarade, le judaïsme français connaît aujourd’hui une période d’incertitude à l’heure où l’antisémitisme connaît un regain. Nous en revisiterons dans ce cours les moments forts qui, « de Napoléon à aujourd’hui », animent encore une communauté vivante, dynamique, mais inquiète, la troisième du monde.
Enregistrement réalisé le 16 mars 2021.
