Hanoukka a la particularité d’articuler la mémoire d’événements militaires, nationalistes, issus de la dure réalité géopolitique moyen-orientale, avec les plus hautes aspirations spirituelles : la lumière, symbole d’intelligence, de signification, de transmission… Ses prescriptions nous élèvent jusqu’à la dimension de la « sur-nature ». Par ses huit jours elle est la Fête la plus longue, elle tutoie l’infini, ce huit renversé dont le mathématicien Wallis fit le symbole. Renversement du regard, également : alors même que la lumière, est le médium, invisible, qui nous rend tout visible, il nous est demandé en ces soirées de joie de ne point les « utiliser », et de les regarder pour elles-mêmes. Cette douce friction du « naturel » et de ce qui définition du miracle ? De la glorieuse saga des Macchabées – par la suite atténuée par les rabbins, en passant par la ré-inauguration du Temple (« ‘hanoukkat ha-Bayit»), il s’agira d’évoquer les aspects historiques, rituels et liturgiques de la « Fête des lumières », pour nous laisser glisser, à la lueur de leur pointe dansante, à une réévaluation de la question kantienne : pour la tradition juive, qu’est-ce que les lumières ?