« Ezra aurait mérité de donner la Tora à Israël si Moïse ne l’avait pas précédé. Et bien que la Torah n’ait pas été donnée par lui, elle a été changée par lui. Car il est rapporté, « et le texte de la lettre était écrit en caractères araméens et en hébreu araméen” » (Talmud de Babylone, Sanhédrin 21-22).
L’écriture est l’une des plus fascinantes conquête de l’esprit humain. Elle lui a permis de stocker ses pensées pour mieux les communiquer, à des audiences plus larges que les seuls auditeurs de l’instant, et sans doute, confier la conservation de ses idées au soin de supports durables exprimait-il pour lui le secret espoir de s’immortaliser… Ecriture d’idées, puis écriture de mots, puis phonétique : largement portée sur une « valeur dessin » à ses débuts, l’écriture s’est peu à peu émancipée du diktat de la reproduction de ses modèles « réels » pour devenir un ensemble de signe de plus en plus abstraits, jusqu’à la deuxième révolution : l’alphabet… Les Hébreux ont probablement participé de très près à cette invention, l’une des plus géniales de l’intelligence humaine. L’émergence de l’écriture et l’alphabet hébraïques sera replacée dans le contexte de cette saga qui, au Moyen Orient vers le 15ème siècle av. è.c., a également un rapport étroit avec la percée de l’idée monothéiste. Du premier « aleph », tête de bœuf et symbole de puissance, jusqu’aux « caractères Rashi » -- qui n’est nullement l’écriture utilisée par Rashi, c’est une aventure visuelle et profondément spirituelle à laquelle nous sommes conviés ici !
Enregistrement réalisé le 26 janvier 2021.